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Par les pleurs qu’à vos piés vous me voyez verser…

LE ROI.

Levez-vous, votre roi voudroit vous exaucer.
Mais puis-je, tel qu’il est, me déclarer son pere ;
Et, pour le couronner,
Ce prince est-il, hélas ! en état de régner ?
Donnerai-je un tyran à la Pologne entiere ?
Non, quels que soient les cris de mes remords pressans,
Je ne dois écouter que mon amour pour elle ;
Il étouffe en mon cœur l’amitié paternelle,
Et mes sujets sont mes premiers enfans.

CLOTALDE.

Ah ! si vous consultez le bien de la patrie,
Vous remettrez le scéptre aux mains de votre fils.
Le Prince Fédéric, grand duc de Moscovie ;
Et la Princesse Sophronie
De votre sang également sortis ;
Divisent tout l’état en proie à deux partis,
Il aime en vain cette princesse,
Et voudroit, par l’hymen, voir leurs droits réunis.
On sait qu’elle a toujours rejetté sa tendresse ;
L’hyménée est un joug qui blesse sa fierté ;
Et, comme son courage égale sa beauté,
Elle veut régner seule, & n’avoir point de maître :
Je doute, quand son cœur pourroit y consentir,
Que l’on voulût d’ailleurs le reconnoître :