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Il sera magnanime,
Et saura se montrer digne de ce haut rang.
Ne résistez donc plus à l’ardeur qui m’entraîne,
Et laissez-vous fléchir,
Faites que ce bras qui l’enchaîne
Ait le bonheur de l’affranchir,
Dût-il aujourd’hui m’en punir,
Dût-il, dans cette tour affreuse
Me rendre tous les maux dont ma main rigoureuse
L’a, malgré moi, fait si long-temps gémir.
Il me sera plus agréable
De vivre dans les fers, accablé de rigueurs,
Et de faire régner mon maître véritable,
Que d’être l’instrument de son sort déplorable,
Et de me voir comblé de toutes vos faveurs.

ULRIC.

Seigneur, c’est tout l’état qui par sa voix s’explique.
En cette dure extrêmité,
La nature, les loix, la raison, l’équité,
Même la politique,
Tout vous parle en faveur d’un successeur unique :
Comme lui devant vous je me prosterne ici.

ARLEQUIN sortant de son coin.

Seigneur, je viens m’y prosterner aussi,
Ayez pitié d’un fils que j’ai pris pour le diable,
Tant vous l’avez réduit en un sort pitoyable.