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« En vérité, je suis un fripon bien aimable, et voilà un visage qui donne sûrement de la tablature à la dame du logis ! » Va-t-il voir une bourgeoise ? « Eh ! bonjour, ma petite Fanchonnette. Comment te portes-tu ? Te voilà jolie comme un petit ange. Ça, vite, qu’on vienne s’asseoir auprès de moi, qu’on me baise, qu’on me caresse, qu’on ôte ce gant, que je voie ce bras, que je le mange, que je le croque. Tu détournes la tête, tu recules, tu rougis ? Eh ! fi donc, ma pauvre enfant ! tu ne sais pas vivre. Est-ce qu’on refuse quelque chose à un homme comme moi ? Est-ce qu’on se fait prier ? Est-ce qu’on a de la pudeur dans le monde ? »

Le lord Houzey.

Voilà une instruction dont je ferai mon profit.

Le Marquis.

Tout ce que je vous dis là paroît fat à bien des gens ; mais cela est nécessaire. Il faut s’afficher soi-même, il faut se donner pour ce qu’on vaut : il faut avoir le courage de dire tout haut qu’on a de l’esprit, du cœur, de la naissance, de la figure. Le monde ne vous estime qu’autant que vous vous prisez vous-même ; et de toutes les mauvaises qualités qu’un homme peut avoir, je n’en connois pas de pire que la modestie : elle étouffe le vrai mérite, elle l’enterre tout vivant.