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que pour avoir le plaisir d’aimer : nous nous en faisons une affaire sérieuse ; et la tendresse, parmi nous, est un commerce de sentiments, et non pas un trafic de paroles.

Le Marquis.

Mais il faut toujours avoir quelqu’un à qui l’on puisse conter ses amours. Dans le roman le plus exact, il n’y a point de héros qui n’ait son confident. J’ai pris le baron pour le mien ; il est garçon discret, et je suis dans la règle.

Le Baron.

J’aurai de la discrétion par rapport à madame, car pour toi rien ne m’oblige à garder le secret. C’est un aveu que tu m’as fait par vanité, et non pas une confidence.

Éliante, au marquis.

Je vous trouve admirable !

Le Marquis, au baron.

Baron, prends congé de madame. Tu n’as pas l’esprit de t’apercevoir que tu l’ennuies ? Tu lui dis des choses désagréables ; tu la gênes ; tu es ici de trop.

Éliante, montrant le baron.

Si quelqu’un est ici de trop, ce n’est pas monsieur.

Le Marquis.

Ah ! je vois pour le coup que vous êtes piquée.