Page:Boissy-Chefs-d'oeuvre dramatiques-1824.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du monde me donnât le nom de sotte et de stupide. L’abattement où m’a plongée la crainte d’être oubliée de vous a dû donner de moi cette idée ; et depuis que je vous vois ici, votre présence me jette dans un trouble qui sert à la confirmer. Je sens que mon cœur fait tort à mon esprit. Il m’ôte jusqu’à la liberté de m’exprimer, et je suis trop occupée à sentir, pour avoir le loisir de parler. »

(après avoir lu.)

Mais est-il rien, marquis, qui soit plus adorable ?
Et ne trouvez-vous pas cette fin admirable ?

Le Marquis.

Je la goûte encor plus que vous ne l’approuvez.

Lucile, au baron.

Vous louez mon billet plus que vous ne devez.

Le Baron.

Non, non : mon repentir égale ma surprise ;
Je dois à vos genoux expier ma méprise.
Pardon, je vous croyois, il faut trancher le mot,
Sans esprit, et c’est moi qui suis vraiment un sot.

Lucile, relevant le baron.

Levez-vous, vous comblez le trouble qui m’agite.

Le Baron.

Je dois à votre égard rougir de ma conduite.
C’est par mille respects, par un culte flatteur,
Que je puis désormais réparer mon erreur.
Vous êtes accomplie, et je n’en puis trop faire.
Vous, marquis, prenez part à mon transport sincère.

Le Marquis.

Je le partage au moins.