Page:Boissy-Chefs-d'oeuvre dramatiques-1824.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lucile.

 
Oui.

Le Baron.

Oui.Mais de ma surprise à peine je reviens :
Je n’ai rien vu d’égal au billet que je tiens.
Plus je la lis, et plus cette lettre m’étonne.
Le sentiment y règne, et l’esprit l’assaisonne.
Belle indolente, eh quoi, sous cet air ingénu,
Vous me trompez ainsi ? Qui l’aurait jamais cru ?

(Il relit tout haut.)

« Je sais qu’on me croit sans esprit ; mais ce n’est que pour vous seul que je voudrais en avoir. »

(Il s’interrompt.)

Je ne demande plus à qui ceci s’adresse.
Je sens toute la force et la délicatesse
Du reproche fondé que cache ce billet :
Et je vois par malheur que j’en suis seul l’objet.
Il est honteux pour moi de mériter vos plaintes.
Mes fautes, j’en rougis, y sont trop bien dépeintes.
Voilà le résultat de tous nos entretiens,
Et tous vos sentiments y répondent aux miens.

Lucile, à part.

La méprise est heureuse, et mon âme respire.

Le Marquis, à part.

Fort bien. Il prend pour lui ce qu’on vient de m’écrire.

Le Baron.

Cet embarras charmant, cette aimable rougeur
Servent à confirmer ma gloire.

Le Marquis, à part.

Servent à confirmer ma gloire.Ou son erreur.