Page:Boissy-Chefs-d'oeuvre dramatiques-1824.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le succès en dépend, tout y va, tout y tient,
Et c’est en badinant que la faveur s’obtient.

M. de Forlis, à part.

Il donne en habile homme un bon tour à sa cause,
Et je sens dans le fond qu’il en est quelque chose.

Le Baron.

Si j’ai quelque crédit moi-même près des grands,
Je le dois à ces riens.

M. de Forlis.

Je le dois à ces riens.Je te prends sur le temps.
Pour rendre à mes regards ta conduite louable,
Emploie en ma faveur ce crédit favorable.
L’occasion est belle, et voici le moment :
Fais agir tes amis pour le gouvernement
Qu’à la place du mien à la cour je demande.
Tu sais, pour l’obtenir, que mon ardeur est grande ;
Qu’il doit, outre l’honneur, grossir mes revenus,
Et qu’il produit par an dix mille francs de plus.
Par plusieurs concurrents cette place est briguée ;
Du royaume, baron, c’est la plus distinguée.
Un homme bien instruit m’a marqué de partir ;
De mettre tout en œuvre, il vient de m’avertir.
Un motif si pressant, joint à ton mariage,
M’a fait prendre la poste et hâter mon voyage.
As-tu sollicité ? Depuis près de deux mois
Je t’en ai par écrit prié plus de vingt fois :
Tu m’as promis de voir le ministre qui t’aime ;
L’as-tu fait ? Puis-je bien m’en fier à toi-même ?

Le Baron.

Oui : mais permettez…