Page:Boissy-Chefs-d'oeuvre dramatiques-1824.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je vous dis des douceurs, et vous osez vous plaindre ?

Céliante.

Moi, je vous dois ici dire vos vérités,
Et vais d’un bon avis payer vos duretés.

Le Baron.

Encore des avis !

Céliante.

Encore des avis ! Vous êtes fort aimable…

Le Baron.

Le début est flatteur.

Céliante.

Le début est flatteur.Prévenant, doux, affable
Pour les gens du dehors que ménage votre art ;
À vos civilités le monde entier a part,
Parce qu’il est, monsieur, l’objet de votre culte,
Et l’oracle constant que votre esprit consulte :
Mais mon frère chez lui sait se dédommager
Des égards qu’il prodigue à ce monde étranger.
Il dépouille en entrant sa douceur politique :
Méprisant pour sa sœur, dur pour son domestique,
Fâcheux pour sa maîtresse, et froid pour ses amis,
Il prend une autre forme, et change de vernis.
Tout craint dans sa maison et tout fuit sa rencontre ;
Le courtisan s’éclipse, et le tyran se montre.

Le Baron, d’un ton irrité.

Ma sœur !

Céliante.

Ma sœur !Le trait est fort, mais vous me l’arrachez ;
Et j’ai peint dans le vrai, puisque vous vous fâchez.
Je l’ai fait toutefois dans une bonne vue ;