Conseil de la raison ! Juste ciel ! Quel langage !
On doit la consulter en fait de mariage.
Je pardonne au marquis d’oser me la citer ;
Mais vous et moi, monsieur, devons-nous l’écouter ?
Nous sommes trop instruits qu’elle est une chimère.
La raison, chimère !
Oui !
L’idée est singulière.
C’est un vieux préjugé qui porte à tort son nom.
Pour moi, je reconnais une saine raison.
Loin d’être un préjugé, Madame, elle s’occupe
À détruire l’erreur dont le monde est la dupe ;
Nous aide à démêler le vrai d’avec le faux,
Épure les vertus, corrige les défauts ;
Est de tous les états comme de tous les âges,
Et nous rend à la fois sociables et sages.
Moi, je soutiens qu’elle est elle-même un abus,
Qu’elle accroît les défauts, et gâte les vertus ;
Étouffe l’enjouement, forme les sots scrupules,
Et donne la naissance aux plus grands ridicules ;
De l’âme qui s’élève arrête les progrès ;