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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

mîmes encore à courir, mais sans plus de succès. Que n’aurions-nous pas donné pour le plus petit morceau de papier tombé de l’un de ces ballons ! Des cavaliers prussiens qui passaient sur la route ont tiré dessus. Que Dieu protège nos compatriotes et permette qu’ils ne tombent pas aux mains de l’ennemi !

Monsieur de Vineuil à madame de Vineuil.
Paris, 11 octobre.

Voici vingt-quatre jours sans nouvelles d’aucun de vous. C’est long, c’est triste, cela se comprend à peine.

Si près, et pourtant si loin ! Si unis, et pourtant si séparés !…

Et voilà qu’il semble que les Prussiens ont renoncé à toute attaque de vive force. Ils s’établissent dans leurs positions, nous nous fortifions dans les nôtres, et comme, à l’heure qu’il est, Paris est déjà bien près d’être imprenable, il n’y a plus guère que deux éventualités à considérer : ou la délivrance par Bazaine ou toute autre armée de province, ou la chute par la famine…

Nous discutons beaucoup entre officiers sur ce que seront les armées de province et sur leur armement.