Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

41
UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

en cercle autour de lui. C’était un capitaine du 27e de ligne et Durand respira, mais il était fort à craindre que M. Herbauld n’eût trouvé la mort plus loin, et, en l’absence de toute lettre de lui, de tout renseignement du ministère, la malheureuse famille a conclu avec Durand que le capitaine avait été tué.

Or voici sa véridique odyssée. Le capitaine Herbauld était en effet à Beaumont le 30 août ; il y était si bien qu’un éclat du premier obus qui, en tombant au milieu du campement, annonça l’ennemi, l’atteignit et lui coupa deux doigts.

Cette blessure lui a sans doute sauvé la vie. Une forte hémorragie l’obligea à se faire panser immédiatement, de sorte que le chirurgien qui le tenait au moment où la retraite commença le lit mettre de force à cheval et filer sur Raucourt avec le gros du régiment.

Le même jour, ils purent atteindre Raucourt ; le lendemain, ils campèrent entre cette petite ville et Sedan. Aucune distribution de vivres ni de munitions ne fut faite.

Le 1er septembre, on leur fit prendre la route de Sedan, et bientôt ils se trouvèrent enveloppés dans cet effroyable tourbillon d’hommes et de chevaux, dont aucun récit, me dit le capitaine, ne peut représenter l’horreur. La retraite sur Mézières, d’abord ordonnée, venait d’être contremandée, les troupes d’avant-garde se rabattaient sur Sedan, tandis que la