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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

qui faisait partie du corps du général Frossard. Quant au général de C…, il était à Sedan, et il doit son salut à ce qu’envoyé le matin du 1er septembre, avec sa brigade pour garder la route de Mézières, il a pu encore se retirer à marches forcées sur Paris.

Ses ordres l’obligent à faire couper les routes derrière lui. Tous les beaux arbres de la route de Creil ont été abattus, ils se croisent sur la chaussée et rendent le passage impossible. Mon père a reconduit le général jusque-là, il dit que cette désolation organisée fait mal à voir.

Le matin, à cinq heures, la brigade a quitté S…, et un peu plus tard, un bruit épouvantable a fait trembler la maison. — C’était le grand pont du chemin de fer qui sautait.

Berthe à André de Vineuil.
Les Platanes, 14 septembre.

Nous venons de traverser notre grande douleur — la plus redoutée : — mon père est parti.

Tu n’aimes pas l’élégie, frère André, sois tranquille, je te l’épargnerai. D’ailleurs, je ne prétends pas t’apprendre de quelle tendresse on aime un père comme le nôtre et ce que c’est que cette première heure qui