Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

312
UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

atteint l’armée de la Loire pour qu’il y eût survécu.

Le 28 janvier, les négociations pour l’armistice étaient publiques. M. de Vineuil annonça aux Platanes la blessure de Maurice, et conseilla à sa femme de tout disposer pour venir le rejoindre à Paris, dès qu’une des portes serait ouverte. François devait l’escorter et les enfants être confiés à une excellente voisine, Mme de …

Le 29, le texte de la convention entre le gouvernement de la Défense nationale et la Prusse était dans les journaux. En dépit des précautions prises, Maurice saisit au vol des mots qui le frappèrent, — ravitaillement, remise des forts ; — il voulut comprendre, s’agita, et il fallut tout lui dire. En vain lui parla-t-on de l’honneur sauvé, en vain fit-on intervenir l’espoir d’un relèvement, la confiance en la bonté de Dieu ; il semblait que sa foi, d’ordinaire si ferme, cette foi qui l’avait fortifié dans son épreuve personnelle, ne pût soutenir l’épreuve de la patrie.

Deux heures après, il était atteint du frisson fatal, et l’apparition de ce symptôme trop connu enlevait immédiatement tout espoir.

La nuit se passa en rêveries à haute voix, il reconnaissait toujours son père, mais ne pouvait, même pour lui plaire, dominer son agitation. Le 30 au matin, l’accablement était effrayant. Il ouvrit seulement les yeux, comme M. ***, le pasteur de la famille, achevait auprès de son lit une prière à