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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

répéter à tes fils d’abord, puis à tous les jeunes gens, à tous les enfants : Gardez-vous de la haine, la haine rend bête, et puis vous ressembleriez aux Prussiens.

Ce qui achèverait la victoire de l’Allemagne sur nous, serait qu’elle nous donnât ses mœurs. Quand la fortune vous reviendra, vous lui montrerez comment on en doit user au xixe siècle. Votre exemple ne l’élèvera pas peut-être, mais du moins le sien ne vous aura pas abaissés.

Monsieur de Vineuil à madame de Vineuil.
Paris, 18 janvier.

Chère femme,

L’attaque des positions ennemies est pour demain. Maurice sortira avec Ducrot, cette lettre ne quittera mon bureau qu’après son retour. Tu nous pardonneras de ne pas t’avoir prévenue, mieux vaut tout apprendre d’un coup, le péril et la délivrance du péril, s’il plaît à Dieu que cette fois encore il y ait pour nous délivrance !

Notre grand garçon me quitte à l’instant, il m’avait rapporté ta lettre et m’en a laissé une pour toi, que