Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

295
UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

gagnait Adolphe. « Sauvons-nous ! » murmurai-je, et je l’entraînai dans le petit salon, pendant que la pauvre Marie continuait ses récits. À l’en croire, le château devait contenir une trentaine d’officiers et les communs regorgeaient de chevaux et de cavaliers.

— « Cela se complique, dis-je en essayant de rire, voyez si vous pouvez rentrer dans ma chambre et enlever les portraits qui sont à la cheminée ; laissez les grands s’il le faut, sauvez les miniatures.

« Je crois qu’il nous faudra camper ici, ajoutai-je à Adolphe, où irions-nous ? Je ne me soucie pas de rencontrer ces messieurs.

— Non certes ! »

Je crois qu’il commençait un tout petit juron, mon pauvre mari, tant il était hors des gonds, quand on frappa à la porte, et un officier d’une quarantaine d’années, à l’air doux et comme il faut, s’introduisit lui-même :

— « Monsieur le comte et madame la comtesse, je suis le major…, secrétaire des commandements de Son Altesse le prince de ***.

« Son Altesse m’a fait l’honneur de me charger d’inviter madame la comtesse et monsieur le comte à dîner avec elle. Cela serait très-agréable au prince de connaître des personnes aussi haut placées dans la société française et de penser que madame la comtesse ne change pas ses habitudes pour lui. »