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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

de gants de femme neufs, des mouchoirs neufs garnis, un lot de bagues (huit ou dix) attachées ensemble par une ficelle, des photographies de la ville de Chartres, etc., etc.

Il est quatre heures, on sonne. C’est un grand gaillard blond, toujours des blonds ! (il faut absolument que tes fils brunissent).

« Madame, le colonel, quatre officiers et le secrétaire du colonel vont arriver ; ils mettent leurs chevaux à l’écurie, ils disent : Préparez les chambres. »

Nous voilà sens dessus dessous, organisant, arrangeant, nettoyant. On sonne de nouveau, nous descendons, Adolphe et moi ; c’est un officier :

« Je veux que toutes portes restent ouvertes, je veux une chambre. »

Adolphe le conduit dans la grande chambre du bout.

« Pas cela, je veux deux lits.

— Il n’y en a pas.

— Montrez tout. »

Il parcourt, choisit ma chambre d’été, où rien n’avait été préparé.

« Ici, vite, deux lits. »

On se hâte, mais celui-là n’était qu’un chirurgien.

Arrive le colonel, moins brutal, son secrétaire et trois officiers.

Les officiers daignent monter et accepter les chambres prêtes, mais le colonel exige des lits au