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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

Du même à la même.
Paris, 16 janvier.

Bienheureux dégel aujourd’hui. Quoiqu’on ait brûlé toutes les barrières, les arbres des promenades, les bancs, les charpentes, jusqu’à l’asphalte des trottoirs réduit en briquettes, la souffrance du froid dépassait toutes les autres.

La mortalité a augmenté dans une proportion considérable. La vie est usée à ce point, dans la population, en général, que toute force physique de résistance est éteinte, le moindre accident amène la mort.

Le bombardement réclame aussi sa part dans le total de chaque jour. À entendre l’effroyable tapage de l’artillerie, les profanes imaginent que tout doit être détruit, maisons et habitants, et sont soulagés en apprenant par le journal que le nombre des victimes est de trente ou quarante seulement. Seulement ! mais ces chiffres reviennent tous les jours, et l’impression dans le quartier même est bien différente. Ces victimes, c’est le voisin, la blanchisseuse, une cuisinière, l’enfant du portier que chacun connaît ; l’un jouait dans la rue, l’autre dormait dans son lit, et voilà !

16.