Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

245
UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

Je vous embrasse, chère maman, et vous tous, frères, sœurs ; priez Dieu pour que l’honneur, du moins, soit sauvé !

Je me porte aussi bien que jamais.

Berthe à André de Vineuil.
Les Platanes, 3 janvier.

Je voudrais m’en empêcher, mais je sens que je vais t’écrire une lettre lamentable, mon pauvre André.

Il n’est pas bien étonnant que je sois au bout de mon petit courage, mais je crois que maman elle-même arrive au bout du sien, et c’est si triste de la voir, elle, notre force, abattue, prête à succomber sous un trop lourd fardeau d’anxiétés et de chagrins ! Il faut que tu le saches, même si cela doit te faire de la peine, maman est très-inquiète de toi. Depuis tes blessures à Loigny, maman n’est plus la même. Et nous avons si rarement de tes nouvelles ! tes lettres n’arrivent plus ; ma tante de Thieulin, la plus fidèle et la plus ingénieuse des correspondantes, parvient seule à nous dire ce que tu deviens, et c’est ainsi que je puis t’adresser cette lettre à Vendôme.

Dans Paris, depuis l’échec de la sortie sur Cham-

14.