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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

et avec elle notre espérance. Les blessés allemands sont arrivés en grand nombre, le télégramme envoyé à Guillaume porte : « Pertes sérieuses. »

Nous avons su ce matin que Frédéric-Charles avait commandé en personne.

Du même à la même.
Château-Renault, 9 janvier. (Hors des griffes prussiennes !)

Oui, chère maman, l’affaire est faite. Il n’est plus question d’aller baraquer en Allemagne, mais bien d’une bonne revanche : nous nous sommes échappés tous trois avec notre brave dentiste et par son secours. Vous voulez l’histoire, vous l’aurez.

Décidément ses graves méditations avaient notre sort pour but, et le 7 au soir leur résultat nous fut communiqué soudainement. M. Richard fumait, il nous regarda l’un après l autre avec un demi-sourire, puis, entre deux bouffées :

« Mes enfants, cela vous plaît-il que nous partions demain pour Tours ? »

Vous voyez d’ici notre stupéfaction :

« Comment ? Est-ce possible ? Ne vous moquez pas de nous ! »

M. Richard posa sa pipe pour la première fois,