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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

à l’arrêter. Faute de mieux, nous nous en fîmes une petite consolation.

Voilà quatre jours d’écoulés depuis cet affreux 16, j’ai été inscrit comme prisonnier, mais la figure du camarade à petite vérole n’engage pas ces messieurs à nous faire garder à vue. M. Richard nous soigne admirablement, ma chère, chère maman, et je ne serais pas plus sage, croyez-le bien, si vous étiez là.

Du même à la même.
Vendôme, 4 janvier.

Si vous avez reçu mes lettres du 20 et du 30, vous avez dû voir, chère maman, que l’état de prisonnier n’ouvre pas l’esprit aux idées roses. Je m’indigne contre moi-même de guérir si facilement au son des commandements allemands, des jurons allemands et des clairons allemands, car tout cela s’entend trop bien de la bicoque que nous occupons. Sans mon dentiste, je ne sais pas ce que j’aurais fait, mais il n’y a pas moyen de lui refuser le plaisir de ressusciter par ses soins, et il a si bien le don de me parler de vous au bon moment qu’il me fait faire tout ce qu’il veut. Mes deux camarades vont bien aussi ; le