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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

bier. Ils écrivent probablement à Thieulin, et j’aime à penser que, n’étant pas vagabonde comme moi, tu auras pu recevoir les lettres de ton fils. — L’abbé nous dit que les Orléanais sont dans la terreur ; plusieurs maisons ont été déjà pillées ; l’évêque plaide sans succès la cause de son troupeau.

De la même à la même.
Le Bocage (Loiret), 8 décembre.

Nous sommes vaincus, n’est-ce pas ? C’est convenu, nous l’admettons, nous en souffrons, mais nous ne voulons point haïr, nous voulons nous résigner et pour cela nous demandons à Dieu son secours. Eh bien ! il arrive tout-à-coup des choses qui ont le don fatal de mettre à néant nos meilleurs désirs ! Ce n’est peut-être qu’une goutte d’eau, pas plus amère que les flots dont nous avons déjà été abreuvés, mais elle est la dernière goutte et elle ait déborder l’indignation !

J’avais quitté hier, un instant, mes blessés. Le chirurgien demandait des œufs pour un malade ; j’allai avec Roland jusqu’à la ferme, dans le vain espoir qu’une poule phénomène se serait trompée de saison. La chance eut été d’autant plus merveilleuse