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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

-même à l’arrivée, au vieux père, qu’il est mort aussi son aîné !

Allons, chère maman, si ma lettre n’est pas gaie, du moins verrez-vous à sa longueur que les quatre quarts me réussissent et que mes lignes ne sont plus rationnées. Il y a trop longtemps que je n’ai eu de vos nouvelles ; je ne sais rien non plus de Maurice ; il a du se trouver de cette sortie sur Champigny.

Du même à la même.
Ambulance d’Oucques, 13 décembre, 5 h. du matin.

Chère maman,

Un mot pour que vous ne me cherchiez plus ici ; l’ordre arrive d’évacuer immédiatement l’ambulance, l’armée se retire sur Vendôme.

Des cacolets et des charrettes sont envoyés pour nous transporter, ceci me fait espérer qu’il ne s’agit pas d’une vraie déroute.

On s’est battu tous les jours, rien d’étonnant qu’on soit à bout. Chaque lieue de terrain cédé reste couverte de morts ; être vaincu malgré cela, c’est bien dur.

Nous partons dans une heure, peut-être plus tôt, car la fusillade éclate à l’instant derrière la maison