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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

hors de Patay, sur la route de Guillonville, tapage infernal sur toute la ligne, et l’on s’aperçoit que nous recevons en plein les obus des batteries allemandes de Gommiers. À droite, les batteries de Terminiers faisaient le même dégât parmi notre cavalerie qu’on dirigeait sur Muzelles. L’amiral[1] ne perd pas de temps et nous lance, nous d’abord, sur une certaine ferme dont je ne sais pas le nom[2], d’où partait un feu assourdissant. Elle a été ce qui s’appelle enlevée. Je vous raconterai une fois cela, chère maman, s’il plaît à Dieu.

Peut-être parce que j’avais eu une émotion désagréable en recevant l’ordre de marcher contre ces murs crénelés derrière lesquels on ne savait pas trop ce qui se trouverait, j’ai eu un meilleur moment une fois que l’affaire a été faite, que la ferme a été à nous, et que je me suis trouvé gardant des prisonniers. Tout de suite après nous avons marché sur Gommiers, d’où l’ennemi retirait en hâte ses batteries ; mais la plus dure besogne de la journée a été l’attaque du parc de Villepion, d’où je vous écris.

L’amiral s’est mis en personne à notre tête, et c’est en courant que nous avons abordé le mur par-dessus lequel messieurs les ennemis nous visaient tout à l’aise. Je ne sais plus comment nous nous sommes

  1. L’amiral Jauréguiberry.
  2. La ferme de Guillard.