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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

ment à tout ce qui a pu arriver aux vieux parents quand le fils n’était plus là pour les défendre.

Ce matin, deux lignards, l’un Comtois, l’autre de je ne sais plus quel département du Centre, s’appuyaient l’un sur l’autre en regardant la grande carte. À trois pas derrière eux, on lisait à haute voix le journal qui expliquait combien la reprise d’Orléans par nos troupes devait bien faire augurer de la résistance, il n’y avait pas à hésiter : il fallait, disait l’écrivain, pousser la guerre à outrance.

C’était très-bien, mais que faisaient mes lignards ? Où c’est ça, Outrance ? avait dit l’un, et ils s’étaient mis à la recherche de ce pays à eux inconnu, de cet Outrance où cela serait si habile de porter la guerre. Tu juges qu’ils auraient cherché longtemps si je ne fusse venu à leur secours, et tu vois, mon cher bonhomme, que même à être professeur de langue française ou de géographie on aurait de belles occasions de se rendre utile.