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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

Du même à la même.
Paris, 9 novembre.

J’ai assisté hier au départ d’une troupe d’Anglais, d’Américains et de Suisses. La difficulté d’obtenir pour eux un laisser-passer a causé assez d’allées et de venues pour que des bruits fâcheux de reprise des négociations aient recommencé à courir. J’ai été content de voir que les partants seraient peu nombreux. On ne peut pas trouver mauvais que des étrangers venus à Paris pour leurs affaires ou leurs plaisirs cèdent à la tentation de le quitter quand affaires et plaisirs y sont devenus impossibles, et pourtant il y a dans ces départs une apparence d’abandon qu’il doit être pénible de prendre. Puis le peuple ne manque pas de se dire : — « C’est qu’on va bombarder, ceux-là le savent et s’en vont, » et sa prison actuelle lui semble plus dure à supporter.

C’est un acte généreux et bon que le refus des ministres étrangers de quitter Paris. Qui sait quelle protection pourra être pour nous, dans la suite des temps, la présence de ces témoins impartiaux ? La Prusse vit sur la bonne réputation de l’Allemagne, elle oppose souvent son affirmation encore respectée

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