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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

Du même à la même.
Paris, 6 novembre.

Ce matin, l’Officiel annonce la rupture des négociations. La cause principale est le refus de la Prusse d’accorder aucun ravitaillement ; on aurait pu passer sur les autres conditions, mais il n’y avait pas moyen de se livrer soi-même ainsi, pieds et poings liés, c’était rendre Paris à discrétion. Cela est si clair (heureusement !) que tout le monde le sent et que chacun essaye de refaire bravement volte-face vers la défense à outrance, le jeûne, le froid et les gardes aux remparts.

Avec le rejet de l’armistice, l’Officiel contient un décret de formation de trois nouvelles armées tirées des défenseurs de Paris. C’est une bonne chose que d’essayer d’occuper en ce moment les pensées de chacun pour les détourner, même violemment, du regret inavoué du beau rêve évoqué par le mot d’armistice, mais ce sera difficile. On y a trop compté. Que de familles chez lesquelles, pendant ces cinq derniers jours, on a doublé sans arriver pour cela encore à l’excès la portion de nourriture de chacun ! On croyait en avoir fini avec ces longues privations, et