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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

du manque de vivres dont la population souffre très-réellement maintenant.

La classe riche se restreint et s’étonne d’avoir à tant dépenser d’industrie pour conquérir un dîner, composé d’une soupe passable et d’une seule tranche d’une viande quelconque, avec des haricots ou du riz en salade. Mais enfin elle a le nécessaire. La classe pauvre ne l’a plus et pourtant on fait des sacrifices énormes pour elle.

La préoccupation de ces privations croissantes pèse plus qu’on ne pense sur l’esprit de nos gouvernants. Le siècle des hommes de fer est passé, en France du moins, et ce n’est pas moi qui ferai reproche à nos chefs du sérieux avec lequel ils apprécient leur responsabilité.

En attendant, l’activité ne diminue pas aux remparts ; on se prépare à y recevoir les très-beaux canons à longue portée que l’industrie privée achève en ce moment, et qui sont pour la plupart le produit des dons patriotiques. On en promet 350. Ils compléteront magnifiquement la parure guerrière de la grande ville.

La transformation en véritables corps militaires des masses armées, dont nous ne savions d’abord que faire, est plus étonnante encore pour un vétéran que celle de toutes les usines civiles de Paris en fonderies de canons.

Certes, je ne songe pas à comparer la moyenne