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Un Vaincu.

qu’elle écrivait : « Mon mari a pleuré des larmes de sang avant de se résoudre. »

Après deux jours de combats intérieurs, de regrets, d’angoisses poignantes, il écrivit au général Scott :

« Arlington, 20 avril 1861.
« Général,

« Depuis notre entrevue du 18, j’ai senti encore mieux que je ne devais pas conserver mon grade dans l’armée. Je vous renouvelle donc ma démission, et je vous prie de vouloir bien la faire accepter. Je l’aurais envoyée plus tôt sans l’angoisse que me causait la pensée de quitter une carrière à laquelle j’ai voué les meilleures années de ma vie et toutes les forces de mon être.

« Pendant près d’un quart de siècle, je n’ai rencontré que bienveillance chez mes chefs et cordiale amitié parmi mes camarades, mais je ne dois à personne autant qu’à vous, général, pour votre bonté et vos constants égards. Mon