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Un Vaincu.

points de l’Amérique et même d’Europe ceux que leurs affaires ou leurs plaisirs avaient éloignés. On trouvait au Sud des commerçants du Nord, au Nord, des citoyens du Sud, que des alliances de famille, ou leur industrie, ou seulement leur choix, y avaient fixés. Chacun quitta en hâte sa patrie d’adoption et revint sous le drapeau de l’État où il était né. Cela semble tout simple à dire, mais que de douleurs ! que de déchirements ! que de séparations forcées !

Aucune classe d’individus ne souffrit plus pendant cette attente de la guerre civile que celle des officiers de terre ou de mer. Doublement citoyens de l’Union, liés les uns aux autres par cette camaraderie militaire à laquelle toutes les langues ont donné le nom de fraternité d’armes, la question se compliquait pour eux de considérations qui la rendaient plus pénible encore à résoudre.

Aux premiers bruits de guerre, le général Scott chargé d’organiser l’armée des États du Nord, craignit que le poids fût trop lourd pour sa vieillesse et songea à Robert Lee, qui venait d’être