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Un Vaincu.

rivés, en 1860, le président des États-Unis, ayant toujours appartenu au parti du Sud, avait pesé plus ou moins ouvertement en faveur du maintien du statu quo. Il en résultait que l’effet des votes du Congrès avait toujours été neutralisé dans une certaine mesure, et ce n’était pas là une situation qui pût se prolonger.

En 1860, pour la première fois, un homme du Nord, Lincoln, le rude charpentier de l’Illinois, celui que toutes les voix devaient nommer « l’honnête Abraham », fut appelé au fauteuil présidentiel.

Cette élection avait une signification précise : elle annonçait aux États du Sud que le temps des ménagements était passé. Ce n’était point parce que le nouveau président était abolitionniste déclaré qu’ils se sentirent menacés, car Lincoln, soigneux avant tout de rester dans la légalité, proclamait bien haut qu’il « voulait maintenir l’Union sans affranchir un esclave » ; mais il déclarait non moins haut que toutes les mesures, financières ou autres, votées par le Congrès seraient rigoureusement appliquées.