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Un Vaincu.

Les abolitionnistes, par les motifs les plus élevés, formaient les mêmes vœux que les radicaux ; longtemps ils n’avaient songé à employer à l’œuvre de l’affranchissement que des moyens moraux, mais quand ils eurent compris combien leurs principes pourraient gagner à l’application des lois nouvelles, ils se mêlèrent avec ardeur à la lutte des partis. C’étaient les abolitionnistes qui, par des livres émus et éloquents, avaient dévoilé les hontes et les misères de l’esclavage ; ils avaient facilement réussi à en inspirer l’horreur ; du moment qu’ils placèrent leur étendard auprès de celui des intérêts du Nord, ils rallièrent à leur suite tous les esprits généreux qu’enflammait l’espoir de l’affranchissement d’une race infortunée.

La question de l’esclavage, bien autrement facile à comprendre que celles des droits réels ou supposés des États, et de leurs rapports avec le gouvernement fédéral, prima bientôt, à l’étranger, toutes les autres ; de loin, on ne vit plus que celle-là. L’Europe s’émut, elle crut à la résurrection d’une croisade sainte et, flétrissant du