Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


50
Un Vaincu.

sions. Il nous faut essayer de comprendre quelles étaient les causes de l’antagonisme qui allait bientôt déchaîner la guerre civile sur un pays jusque-là privilégié.

L’immense contrée qui s’est formée peu à peu d’États successivement unis les uns aux autres ne ressemble plus à ce qu’elle était le jour où quelques faibles colonies, repoussant le joug de l’Angleterre, formèrent le novau d’une colossale puissance.

À l’origine, treize États, groupés les uns près des autres, avaient eu les mêmes besoins, les mêmes intérêts, ils avaient été unis par le sentiment de leur faiblesse et par celui du danger de cette faiblesse ; mais le rapide accroissement de leur population, l’envahissement de territoires nouveaux, situés sous des latitudes extrêmes, avaient à la fois créé des intérêts différents ou contraires, et dégagé les esprits d’une crainte salutaire en plaçant la puissance nouvelle au-dessus de n’importe quelle menace.

Comme toute grandeur, l’étendue a ses dangers. Tandis qu’au nord, l’État du Maine par-