Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


39
Un Vaincu.

pressent de mettre hors la loi les hommes ou les choses qu’ils ne comprennent pas. Avant de recourir à la force, à ces massacres hideux dont on connaît trop d’exemples, il voulut essayer une campagne pacifique parmi les Comanches, et ne négligea rien pour attirer à lui les chefs et lier avec eux des rapports d’amitié qui pouvaient, à un moment donné, l’aider à empêcher le retour des sanglantes rencontres dont le souvenir attisait encore les haines.

Au mépris des plus grands périls, car l’astuce indienne ne devait pas s’arrêter devant un meurtre profitable du moment qu’il était possible, le colonel visita les uns après les autres les principaux campements de ses voisins Comanches. En signe de paix et de confiance, il n’emmenait jamais qu’une faible escorte, et souvent même il alla joindre, avec un seul serviteur et à des distances considérables, des assemblées de chefs avec lesquels il prétendait, selon l’expression consacrée, fumer le calumet de paix. L’étonnement que causait son intrépidité fut, sans doute, ce qui le sauva.