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Un Vaincu.

plus glorieuses que bien des victoires, le général Lee comprimait son ardent désir de servir son pays, de se dévouer encore pour lui. Il n’osait s’attacher à aucune œuvre avant que l’apaisement des esprits se fût fait, persuadé que son nom porterait préjudice à celle qu’il aurait choisie.

Aussi, tandis que de tous les points de l’Amérique, du Nord comme du Sud, ses concitoyens, émus de la ruine de sa fortune, lui faisaient les propositions les plus capables de réparer ses pertes, le général Lee demandait mieux encore, et, confiant à un ami sa peine intime, il s’écriait : « Oui, mes compatriotes m’offrent toutes choses, excepté du travail ! »

Le travail ! voilà le but vers lequel tendait l’ambition du vieux guerrier. Compagnon fêté de ses jours heureux, le travail restait la consolation de ses douleurs ; ce qui avait fait la dignité de son opulence, il le réclamait comme un privilége de sa pauvreté, et il y avait quelque chose de singulièrement touchant à entendre cet homme, que la lutte avait usé avant le temps, dont le visage