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Un Vaincu.

enivré par son succès, de la modération à laquelle il eût été si beau de rester fidèle, de sorte que l’irritation des esprits, dans les États vaincus, ne manquait pas de prétextes sérieux.

Par ses paroles et par son exemple, Lee contribua plus que personne à apaiser les haines. Non-seulement on ne l’entendit jamais articuler un mot sévère ou malveillant, mais il semblait avoir pris pour tâche d’interpréter toutes les lois nouvelles dans leur sens le plus favorable. Il travaillait sans cesse à éclairer l’opinion, à l’adoucir, et au besoin, il savait tancer la jeunesse quand elle exhalait son courroux en paroles amères ou découragées. Quand il entendait les jeunes hommes menacer d’abandonner la patrie, il leur montrait que le devoir était d’y rester, de la servir quand même, de panser ses blessures encore saignantes. C’est ce que lui-même aspirait à faire, mais comment ?

Suspect à un certain parti qui ne pouvait lui pardonner la renommée qu’il avait acquise par tant de triomphes et consacrée par des défaites