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Un Vaincu.

des Corporations, des comités, lui offraient, comme retraite, parmi leurs domaines, des propriétés magnifiques. Des villes lui proposaient des fonctions dont les émoluments eussent suffi à rétablir sa fortune disparue. On l’appelait au nom de son repos, au nom de ses enfants, dont l’avenir en Amérique semblait perdu. Il répondit toujours : « Je suis profondément reconnaissant, mais je ne peux pas déserter mon pays à l’heure de l’adversité. Ma place est dans mon pays natal pour partager son sort, quel qu’il soit. »

Un tel langage n’était point sans mérite et ne fut pas sans effet. Si le respect général protégeait mieux que toute capitulation l’illustre Virginien des représailles auxquelles des vaincus peuvent s’attendre, il n’en était pas moins vrai que le joug nordiste paraissait à ses compatriotes lourd, odieux même, et que la tentation d’émigrer, de chercher ailleurs l’indépendance qu’ils n’avaient pu conquérir par les armes, était grande pour les Sudistes, pour les jeunes gens surtout. La sagesse est, dit-on, aussi difficile aux nations qu’aux individus ; le Nord s’écartait souvent,