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Un Vaincu.

tion. Malheureusement, cette joie allait être troublée.

Il y avait au service de mistress Lee un vieux cocher que Robert, tout petit, avait aimé comme on aime ceux par qui vous arrivent les grands bonheurs de l’enfance. C’était Natty qui lui avait mis pour la première fois les rênes en mains, c’était lui qui avait dressé son premier poney ; — Natty avait été mêlé à toute l’enfance de Robert qui se réjouissait du bonheur qu’aurait le vieux serviteur à voir son élève porter l’uniforme. Or, le pauvre Natty était gravement malade quand arriva le jeune homme, il toussait et souffrait cruellement. « Que faire pour Natty ? » demanda Robert aux médecins. Ceux-ci jugeaient le malade perdu ; s’il pouvait obtenir quelque soulagement, ce ne serait que dans un climat plus doux.

La décision fut bientôt prise. Le jeune lieutenant sut résoudre sa mère au sacrifice du séjour promis, et, repartant aussitôt, il emmena le pauvre Natty en Géorgie, non loin de Saint-Augustin surnommé le Cannes de l’Amérique ; là, il le