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Un Vaincu.

été complet s’ils n’eussent pas vu, ou tenté de voir, le héros du Sud. En vain sa porte restait-elle obstinément fermée, la foule stationnait dans la rue, espérant du moins l’apercevoir de loin.

Puis il y avait les députations, qui forçaient toutes les barrières et s’obstinaient à pénétrer jusqu’à lui. Ses anciens adversaires, les officiers de l’armée fédérale, voulaient lui exprimer leur admiration, et ses compagnons d’armes se croyaient le droit de revoir encore ses traits avant de se disperser dans leurs foyers lointains. Peu à peu, les forteresses du Nord rendirent à la liberté les prisonniers faits dans les précédentes campagnes, et chaque steamer amena à Richmond un contingent de pauvres êtres en haillons qui, avant de commencer la recherche de leurs demeures ruinées, voulaient encore une fois saluer leur général.

Chaque entrevue de ce genre ranimait la douleur de Lee, et pourtant il sentait l’impossibilité de s’y dérober complètement.

Un jour, il fut obligé de recevoir deux hommes, deux rebelles déguenillés, ainsi que les appelaient les journaux du moment ; ils étaient