Page:Boissonnas, Un Vaincu, 1875.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


241
Un Vaincu.

Arrivée à Farmville, l’armée virginienne trouva coupé le pont sur l’Appomatox. Le temps de se reconnaître, de chercher par où l’on percerait la nuée de cavaliers qui l’enveloppaient, et elle était rejointe par l’armée fédérale.

Par une brusque attaque, le corps d’Ewell fut coupé du reste des troupes sudistes. Entouré par des forces cinq fois plus nombreuses, il tint bon longtemps, et cependant l’épuisement des hommes était tel que malgré le danger et l’ardeur du combat, on voyait des soldats se laisser glisser à terre après avoir déchargé leur arme, et s’endormir d’un sommeil qui ressemblait à l’anéantissement[1]. Il fallut se rendre. Quatre cents voitures, seize pièces de canon, des débris de régiments, furent le butin du vainqueur.

Le général Ewell remettait son épée au moment où tombait la nuit. Impatient d’achever son triomphe, Grant rassembla ses forces et assaillit les pauvres restes de l’armée confédérée

  1. Le général Custis Lee, fils du général en chef, fut fait prisonnier à cette affaire. Il y avait quatre jours qu’il vivait sur une seule poignée de farine de maïs, non cuite.