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Un Vaincu.

Strasbourg, de Metz et de Paris ont le droit de dire : Nous aussi, nous savons ce que c’est !

Il y avait quatre ans que sur tous les champs de bataille, dans tous les hôpitaux, l’initiative privée dans les deux partis, employait les femmes par milliers au service des malades et des blessés. Mais à mesure que la lutte devenait plus grave, et pour le Sud plus désespérée, un patriotisme ardent et douloureux passionna les âmes à l’égal de la charité. Le domaine des femmes s’étendit des hôpitaux aux ateliers militaires, aux administrations diverses, partout où leur présence et leur travail put remplacer la présence et le travail des hommes et donner ainsi quelques soldats de plus à la patrie[1]. Une telle nation explique une telle armée, et fait comprendre sa longue résistance. Autre chose

  1. « Il a fallu quatre ans et sept cent mille hommes pour venir à bout de Richmond, la capitale du Sud. Quels hommes ! et aussi, et surtout, quelles femmes ! Filles, épouses, mères, les Américaines du Sud ont fait revivre en plein dix-neuvième siècle, le patriotisme, le dévouement, l’abnégation des Romaines au plus beau temps de la République. » — Montalembert (Correspondant du 25 mai 1865).