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Un Vaincu.

sociant celui de leur général bien-aimé. Ils ne s’appelèrent plus que « les Misérables de Lee[1] ». Mais ce titre était l’aveu d’un fait, et non pas une récrimination.

Leur chef, hélas ! sentait profondément les privations qu’il leur voyait endurer. Aucun effort ne lui coûtait s’il entrevoyait la possibilité d’adoucir, ne fût-ce que bien peu, les souffrances de leur situation[2]. Mais le gouvernement se déclarait incapable de subvenir même aux premiers besoins.

Ce que Lee déploya de force d’âme et d’empire sur lui-même pendant les pressantes anxiétés de ce terrible hiver, ce qu’il révéla de dévouement, de sensibilité, de tendresse, dirai-je, étonnait ceux mêmes qui croyaient le mieux le connaître. Il y avait longtemps déjà que le cœur

  1. Lee’s miserables.
  2. Mrs Lee centralisait chez elle les produits du travail des femmes de Richmond. Jamais le général ne manqua de distribuer lui-même à ceux qui en avaient le besoin le plus urgent, les gants, les bas, etc…, que lui adressaient sa femme et ses filles.