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Un Vaincu.

soient entièrement dissipés, avant que l’étendue du désastre se soit révélée, la puissante artillerie fédérale, dès longtemps en batterie, qui vomit la mitraille sur l’immense brèche qu’une colonne de seize mille hommes se prépare à franchir ! Certes, il semblait bien que Pétersburg fût perdu.

Comment les vétérans de Lee résistèrent-ils à la surprise et à l’épouvante ? Comment se trouvèrent-ils, au moment même, calmes et dévoués, garnissant de leurs poitrines, puis de canons amenés en hâte, la crête sans murailles devant laquelle l’explosion avait creusé comme un vaste fossé ? il faudrait le demander à la puissance féconde et parfois redoutable de l’exemple, qui transforme les soldats à l’image des chefs.

Les seize mille Fédéraux croyaient surprendre la ville, ils n’avaient point compté sur la fermeté de ses défenseurs non plus que sur le profond ravin creusé par l’explosion et qui fumait comme le cratère d’un volcan[1]. Ils hésitèrent un instant

  1. La journée du 30 juillet a été nommée la bataille du Cratère.