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Un Vaincu.

n’avancerons pas d’un pouce, criaient quelques-uns, tant que vous serez là ! » Le général céda. Il retint son cheval, et l’élan des Texiens l’eut bientôt dépassé. Peu d’instants après, ils avaient dégagé leur parole et les Fédéraux, rejetés sur leurs canons, leur abandonnaient le terrain.

La bravoure sous le feu n’est point chose rare, il semble même qu’elle soit indispensable à un chef d’armée ; mais un autre souvenir a été conservé du général Lee, à cette bataille de Spottsylvania, et il nous fera comprendre combien l’âme de cet énergique lutteur était, même dans la chaleur de l’action, pure de tout sentiment de haine contre ses adversaires.

C’était le quatrième soir de la bataille ; le général parcourait le front de ses troupes, encourageant partout à la vigilance. Il arriva à l’extrémité des lignes et s’arrêta pour considérer les retranchements fédéraux qui, hérissés d’artillerie, s’étendaient à perte de vue devant lui. Il causait avec trois de ses officiers de ce qui pourrait être tenté le lendemain, il y avait bien peu d’espoir de déloger l’ennemi : « Je les voudrais