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Un Vaincu.

Mais au mois de mai, les périls de la situation étaient devenus trop évidents pour que personne les pût ignorer. De tous les côtés, de l’ouest, de l’est, du nord, bientôt même du sud, l’ennemi avançait aguerri, innombrable, pourvu en abondance de tout ce qui pouvait le rendre irrésistible. Une seule armée, peu nombreuse et en apparence épuisée, prétendait s’opposer à lui. Malgré ses succès passés, malgré son chef illustre, le pourrait-elle ?

Un sentiment de solennelle attente remplissait tous les esprits, et du cœur des femmes du Sud jaillit, au dernier moment, une adresse aux soldats confédérés, dans laquelle « leurs femmes, leurs filles et leurs sœurs » les adjuraient « au nom du salut de leur patrie sanglante, d’être fidèles à eux-mêmes et à leur glorieuse cause[1]. »

  1. Quelques-unes poussèrent même l’enthousiasme jusqu’à proposer de former un régiment de femmes, qui auraient pu remplacer, croyaient-elles, les soldats réguliers pour la garde d’une forteresse. À défaut de ce régiment féminin, qui ne s’est jamais organisé, on vit plus tard s’en former un composé d’enfants de quatorze à dix-sept ans. Il fut employé à garder les prisonniers.