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Un Vaincu.

les eaux profondes et rapides, dut attendre avec peu de munitions, et moins encore de vivres, que le passage devînt possible.

Une autre préoccupation encore que celle du chef d’armée, pesait sur le cœur du général. Stuart, en le rejoignant enfin à Gettysburg, lui avait appris que son second fils, brillant officier, avait été grièvement blessé dans le fâcheux combat, cause première du retard de toute la cavalerie, et était resté comme prisonnier aux mains des Fédéraux. Or, le président Davis ayant, peu de jours auparavant, annoncé l’intention de faire exécuter deux capitaines fédéraux en représailles du meurtre de deux capitaines confédérés pris en Kentucky, les Nordistes menaçaient de fusiller le jeune Fitzhugh Lee si le président Davis mettait son dessein à exécution.

On en était arrivé à un tel degré d’acharnement que les actes les plus révoltants semblaient tout simples. Impossible pour le général séparé du reste du monde par le Potomac ou par l’ennemi, d’user de la moindre influence sur le président Davis ; impossible même de savoir s’il était