entière à la même place, incapable de poursuivre sa route. Le lendemain, une pluie abondante s’établit, et la situation déjà mauvaise, devint désespérée.
Un chaos indescriptible de prolonges, de canons, de voitures d’ambulances, encombrait les chemins inondés où les pontons, immobiles sur des chariots, semblaient des îles émergeant d’un nouveau déluge.
Un grand nombre de chevaux et de mules moururent étouffés dans la boue, les trois jours de vivres portés à dos d’hommes s’épuisèrent, et il était impossible qu’un convoi se risquât à en apporter d’autres : il fallut encore une fois prendre le parti de la retraite.
Cette retraite ne fut point facile. Comme l’avait fait jadis Mac Clellan, on pava un chemin de gros troncs d’arbres rangés les uns à côté des autres, et, à force de bras, on y poussa chariots et pontons. Du haut des collines qu’ils occupaient, les Confédérés assistaient, immobiles, au désarroi de l’ennemi ; descendre à sa poursuite eût été s’exposer à partager son sort.