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Un Vaincu.

sans cesse une nouvelle attaque des positions de Frédéricksburg, et on aurait dit que la sanglante expérience qu’il avait faite de leur force, ne lui suffisait pas.

Le 19 janvier, il profita d’une apparence de beau temps, et dirigea son armée vers le même point du Rappahannock où il avait une première fois passé ce fleuve. Ses divisions étaient en marche, quand, dans la nuit du 20, un orage effroyable se déchaîna sur la contrée, et des trombes d’eau changèrent en lacs les vallées profondes qui sillonnent cette partie du pays. L’inondation laissa le sol détrempé à ce point que les fantassins eux-mêmes s’y enfonçaient et n’en pouvaient sortir sans aide. Il s’agissait néanmoins, pour les Fédéraux, de transporter avec eux les pontons nécessaires au passage du fleuve.

Vainement on tripla les attelages de mules et de chevaux, vainement on employa en outre cent cinquante hommes à tirer chaque bateau, les roues des fourgons, enfouies dans la vase, ne pouvaient plus tourner. L’armée dut passer une journée