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iii
À mes Fils.

Je lisais dernièrement un mot triste, mais vrai, et il ramenait ma pensée à la crise douloureuse que traversa le général Lee, combattu par deux devoirs contraires : « La chose la plus difficile en temps de révolution, ce n’est pas de faire son devoir, c’est de le connaître[1]. » Si mon héros se trompa, ce fut avec une loyauté qui n’a jamais été méconnue et à laquelle ses adversaires eux-mêmes ont su rendre hommage, quand ils l’appelèrent d’un nom glorieux, doux à des oreilles françaises, celui de Bayard de l’Amérique.

Tel qu’il fut, je tiens à vous le faire connaître. Je crois bon, par ce temps d’universelle intolérance, de vous montrer que même sous un drapeau dont la couleur ne serait jamais la nôtre, peuvent marcher des hommes à la hauteur desquels il n’est pas aisé d’atteindre.

  1. Saint-René Taillandier, Revue des Deux-Mondes, 15 décembre 1874.