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la suppression des académies en 1793.

dès le premier jour, qu’elle ne répondrait pas à ces attaques ; et, en parcourant ses Registres, je ne vois qu’une seule occasion où elle ait manqué à la sage résolution qu’elle avait prise[1]. En 1728, elle apprit qu’un candidat plusieurs fois malheureux, le poète Roy, connu surtout par des libelles haineux, en avait fait un contre l’Académie, « qui passait les autres par l’atrocité des calomnies », où il diffamait la compagnie en général et prenait à partie plusieurs de ses membres, et que non seulement il l’avouait et le faisait courir, mais le lisait à tous ceux qui voulaient l’entendre. Elle perdit patience et adressa ses plaintes au cardinal de Fleury qui fit mettre Roy à Saint-Lazare. Il n’était pas corrigé quand il en sortit, car, à quelque temps de là, il s’en prit au comte de Clermont, un prince du sang, qui était aussi de l’Académie. Mais, cette fois, l’affaire eut des suites plus graves. Le prince n’était pas endurant ; il chargea de sa vengeance un nègre, qui s’en acquitta si consciencieusement que le malheureux, roué de coups, ne survécut pas à la bastonnade ; — il est vrai qu’il avait quatre-vingt-un ans.

  1. Registres, II, p. 242