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l’académie française sous l’ancien régime.

let 1789, le lendemain de la prise de la Bastille, elle se réunit au Louvre, comme d’habitude, et entendit un mémoire de Darcet sur la chimie. Plus tard, quand Fourcroy — le futur comte Fourcroy, — entraîné par son zèle républicain, lui proposa de s’épurer elle-même, comme venait de le faire l’Académie de médecine, et de rayer de sa liste ceux de ses membres suspects d’incivisme, elle refusa très énergiquement de le suivre, et il eut beau renouveler sa proposition et y insister, on ne l’écouta pas davantage. En ce moment, le gouvernement avait besoin d’elle. Il la consultait sur les innovations qu’on était en train défaire ; on lui demandait son avis sur la réforme monétaire, sur le nouveau système des poids et mesures, sur la façon d’accorder l’ère républicaine avec l’ancien calendrier, et, quand la guerre éclata, sur la fonte des canons, sur la meilleure manière de fabriquer la poudre, sur la conservation de l’eau potable dans les navires, etc. ; et à chaque réponse qu’elle donnait, on la comblait de remerciements et de félicitations. Il semblait bien que les services qu’elle rendait assuraient son existence.

Elle aussi pourtant n’avait pas été tout à fait épargnée par l’orage. En 1791, il parut un pam-